mardi 18 octobre 2011

John Prine - Flashback Blues

John Prine: The Singing Mailman Delivers


Un nouvel album de John Prine est un évènement, forcément. Même quand il a été enregistré il y a plus de 40 ans. Double disque, donc double joie à découvrir "The Singing Mailman Delivers".

Le premier CD a été enregistré en août 1970, John souhaitant à l'époque copyrighter les chansons qu'il interprétait sur scène, dans les studios d'une station de radio de Chicago (WFMT) a laquelle il avait donné une interview.

11 titres sont issus de cette session. 9 d'entre eux alimenteront les premiers albums de John chez Atlantic. Un autre ("Aw Heck") ne verra le jour que plus tard pour "Bruised Orange" et le dernier ("A Star, A Jewell, And A Hoax) restera inédit jusqu'à ce jour.

Quel plaisir de découvrir les premières versions de "Quiet Man", "Blue Umbrella" ou "Souvenirs"! Il y a encore "Hello In There", "Sam Stone" (intitulé alors "Great Society Conflict Veteran's Blues" - un titre digne des bootlegs de Dylan circa 1962), "Paradise", "Illegal Smile", "Flashback Blues", "The Frying Pan", "Sour Grapes".

Tout était déjà là. La maturité exceptionnelle de ce songwriter qui n'avait pas 24 ans étonne encore rétrospectivement.

Le second disque est un enregistrement public datant de novembre 1970, réalisé au 5th Peg de Chicago. John nous dit (expliquant par là-même le titre de l'album): "Je distribuais encore le courrier le jour et je chantais au Fifth Peg la nuit, trois fois par semaine". Il raconte aussi comment l'inspiration lui venait sur le chemin de ses tournées postales, par exemple en mangeant un sandwich dans un réduit où il s'abritait du vent glacial de Chicago.

Les treize titres de ce second disque nous montrent un John Prine qui aime déjà parler entre les chansons, comme il le fait encore en 2011. "Jusqu'à aujourd'hui, je parle toujours entre les chansons durant les concerts et je raconte beaucoup de versions différentes de ces histoires (toutes vraies!)".

Le répertoire est en partie le même que pour le disque studio (rappelons que "John Prine" - le premier album -  ne paraîtra qu'en octobre 1971 - c'est son quarantième anniversaire) avec quelques additions intéressantes dont un medley de Hank Williams: "Hey Good Lookin' / Jambalaya (On The Bayou)".

L'exhumation de ces trésors enfouis (retrouvés parce que Fiona, l'épouse de John, lui avait demandé de vider le garage avant un déménagement) est un vrai bonheur. Et cela même si les fans du facteur chantant en connaissaient déjà la plupart puisqu'un "Live At The 5th Peg" (improprement nommé) était trouvable en téléchargement (gratuit et parfaitement illégal) sur le net. Il combinait, dans la dernière version rencontrée, la totalité des titres enregistrés en studio et 7 des morceaux live.


vendredi 14 octobre 2011

The Lost Pines: Austin Bluegrass

The Lost Pines - Sweet Honey



Le Texas est véritablement un état étonnant, en perpétuel bouillonement musical, du blues de Lightnin' Hopkins au folk de Townes Van Zandt, du rock de Calvin Russell au Texas-swing de Bob Wills en passant par le Tex-Mex ou le jazz.

Aujourd'hui c'est un groupe d'Austin, là où tout se passe, qui a retenu mon attention. The Lost Pines est un combo qui évolue dans le domaine du bluegrass, un genre qui n'est pas le plus représenté dans le Lone Star State.

Le groupe s'est formé autour de deux chanteurs-songwriters, Talia Bryce (formerly Talia Sekons) et ChristianWard (qui jouent respectivement du banjo et de la guitare), et d'un guitariste, Marc Lionetti.

Ils ont produit en 2008 un premier album ,"Middle Of The Morning", plutôt dans la lignée de Gillian Welch & David Rawlings, avant de recruter Brian Durkin à la basse, Jon Kamppainen au violon (parfois tenu pas Shawn Dean sur le disque) et Alex Rueb à la mandoline.

Leur nouvel album traduit une nette évolution vers un bluegrass qui n'est ni vraiment traditionnel, ni vraiment newgrass. C'est tout simplement du Texas-bluegrass dont les membres du groupe ont sans doute écrit ici la définition.

Petite précision: acune des membres n'est originaires du Texas. Talia vient de Manhattan, Marc du New Jersey et Christian de Caroline du Nord. Mais ils ont si bien digéré les différentes influences locales, humant l'air ambiant les oreilles grandes ouvertes, qu'ils sonnent comme s'ils avaient grandi dans les faubourgs d'Austin, nous proposant un ensemble de compositions originales (7 de Christian et 7 de Talia) qui sonnent - déjà - comme des classiques du genre.

Détail d'importance: le disque est produit par le sorcier local Lloyd Maines (ce qui est un joli signe de reconnaissance, une forme d'adoubement) qui ajoute son dobro (pas de pedal steel sur l'album) sur deux titres.

Voici ce que Lloyd dit d'eux: "Les Lost Pines abordent le bluegrass d'une façon légèrement différente. Je ne peux pas décrire ce qui est différent chez eux, je sais seulement qu'ils ont développé leur propre son et que c'est grand de les écouter. J'aime cela".

C'est en tout cas pour moi la révélation bluegrass de l'année, un groupe à l'avenir radieux.