mardi 15 septembre 2009

Tift à l'église...

Tift Merritt – Buckingham Solo


Voici une chronique que vous ne lirez pas dans Xroads. Il a été en effet décidé démocratiquement que pour le numéro 22 de votre magazine favori, ce serait celle de Jacques-Eric Legarde qui serait publiée. Après tout, il faut bien que les jeunes auteurs aient l'occasion de s'exprimer.

Vous pouvez néanmoins prendre connaissance de ce à quoi vous avez échappé...

TIFT MERRITT ***
Buckingham Solo
Vella Recordings / Fantasy Records
Encore un autre pays


Tift Merritt aime la scène. Elle a publié trois albums en studio (du moins en solo, car on peut aussi mentionner l'excellent EP country-punk enregistré avec Two Dollar Pistols) et, 4 ans après Home Is Loud, elle nous offre déjà son second album live. Tift Merritt aime l'Europe. Après Paris et la France où elle a trouvé l'inspiration pour Another Country, c'est l'Angleterre, (et plus précisément Buckingham, dans une ancienne église) qu'elle a choisie pour enregistrer ce nouvel opus où elle apparaît totalement seule, s'accompagnant tantôt au piano, tantôt à la guitare (avec aussi quelques notes d'harmonica). Buckingham Solo est d'abord un disque pour les fans qui a d'ailleurs été publié sur le label de Tift, Vella Recordings, quelques semaines avant d'être édité par Fantasy Records. C'est un disque qui offre les chansons dans toute leur nudité, leur vérité, conçu pour ceux qui aiment la musique épurée, sans fioriture. C'est au piano qu'elle débute le set avec "Another Country", avant de passer à la guitare pour "Something To Me" et "Broken". Le son est parfait et l'on a réellement l'impression d'assister à un de ces concerts intimistes qui font la joie des amateurs de musique acoustique. L'inconvénient de ce type d'enregistrement, surtout quand il n'est pas trafiqué ou overdubbé en studio, c'est que les défauts ressortent aussi parfaitement. La voix, qui évolue avec grâce sur un fil invisible perd parfois sa justesse et, sur un titre comme "Tender Branch", au tempo très lent, le piano et les cordes vocales semblent quelque peu désaccordés. Mais c'est cette fragilité, associée au fait que l'artiste ne triche pas, qui font que l'on aime Tift Merritt; quoi qu'il en soit, ces petites imperfections ne réussissent pas à gâcher le plaisir d'ensemble. Tift interprète six titres de Another Country, trois de Tambourine et seulement un de Bramble Rose, qui reste pour moi son plus bel album. Elle termine par une composition inédite, "Do Something Good", et une seule reprise, "I Live For You" signée de George Harrison. Pour ceux qui ont envie découvrir Tift Merritt, je conseillerai plutôt de commencer par Bramble Rose ou Another Country. Mais pour les autres, Buckingham Solo constitue un excellent complément à une discographie qui commence à s'étoffer.

À ranger à côté de Home Is Loud, enregistré avec un groupe, pour comparer.

Sam Pierre

lundi 31 août 2009

Straight to the heart

Gretchen et Tom (et réciproquement)


Il y a plusieurs mois déjà, j'annonçais la parution de l'album de Gretchen Peters (avec Tom Russell) "One To The Heart, One To The Head". Ce disque prometteur ne m'a pas déçu, loin de là. Six mois après, il figure défiitivement tout en haut de la liste des albums préférés de 2009.



Voici ce que j'écrivais à son sujet (Xroads #17):


GRETCHEN PETERS with TOM RUSSELL *****
One To The Heart, One To The Head
Scarlet Letter Records / Frontera Records
Ode à l'Ouest


Ce disque n'aurait pas vu le jour si, en 2004, après la parution de "Halcyon", Tom Russell n'avait adressé à Gretchen Peters une véritable lettre de fan, l'invitant à chanter sur son prochain album, ce qui lui permit de toucher un plus vaste public. Tom eut ensuite l'idée d'enregistrer un album dédié à l'Ouest Américain auquel les deux artistes sont attachés. Gretchen le dit ainsi: "J'ai grandi dans le Colorado, où la terre et le ciel vous rappellent constamment l'immensité de la nature et du temps. Je sais que l’Ouest fait partie de moi-même et lorsque j’ai commencé avec Tom Russell à choisir les chansons de cet album, la voix de l’Ouest a de nouveau résonné en moi. Les thèmes tels que la liberté, la mort, le renouveau, la notion primordiale de grandeur et d'intemporalité de l'Ouest sont les éléments que j’ai souhaité graver sur cet album. Je suis reconnaissante à Tom d’avoir été la source d’inspiration de ce disque et d’avoir veillé à la réalisation de cette vision". Quant à Tom, il parle de ce side-project "western", co-produit avec Gretchen, en ces termes: "Je suis un invité sur ce disque. Gretchen est la chanteuse de Dieu ("God's chanteuse")". On ne peut plus clairement poser les choses. Nous avons affaire à un disque de Gretchen Peters. Mais que les fans de Tom se rassurent, depuis les illustrations du livret jusqu'à la tonalite générale du disque en passant, bien sûr, par sa participation, vocale uniquement si l'on excepte quelques percussions, sa présence est bien palpable. Comme l'est celle de Barry Walsh, le claviériste extraordinaire et attitré de Gretchen qui signe l'instrumental d'ouverture "North Platte" avant d'enchaîner, toujours au piano sur le morceau de Mary McCaslin "Prairie In The Sky" où la voix de Gretchen, céleste, fait déjà des merveilles. Puis arrive l'accordéon, ici tenu par Joel Guzman pour un "Billy 4" de Bob Dylan, extrait de "Pat Garrett & Billy The Kid", premier duo de cet album. C'est ensuite la voix de Gretchen qui nous emmène toujours plus haut avec "Blue Mountains Of Mexico", signé Ian Tyson "Cowboys Born Out Of Their Time" de Tom Dundee (avec cette fois Barry Walsh à l'accordéon), et la seule composition (nouvelle) de Tom, "Guadalupe". Tom revient pour 4 duos, "Sweet And Shiny Eyes", "Wolves" de Stephanie Davis, un sublime "Snowin On Raton" de Townes Van Zandt, sans qui l'Ouest (et le Sud) musical ne serait pas ce qu'il est, et le traditionnel "Old Paint". C'est alors que Gretchen entame un bouquet final de toute beauté où sa voix, toujours en retenue et en nuances, fait des prodiges avec "My Last Go Round" de Rosalie Sorrels, "If I Had A Gun" (signé par Diana Jones et trois de ses copines) dont est extrait le titre de l'album "One To The Heart, One To The Head", et "Prairie Melancholy", entrecoupés par la reprise de "North Platte". Pour Tom, "Ce disque est un chef d'œuvre du western, il ne comporte pas une mauvaise chanson", et encore: "J'ai écouté la voix de Gretchen. Irréelle. Il n'y avait pas d'autre raison de faire ce disque que l'amour de l'Ouest et le désir de faire prendre conscience aux amateurs de musique western du pouvoir de Gretchen". L'objectif est plus que largement atteint. Plus qu'un disque de "cowboys", cet album est la bande-son d'un western imaginaire dont les images sont celles que Gretchen et Tom ont si bien su nous suggérer, celles de la grandeur et de l'immensité de l'Ouest américain, qui défilent à l'infini dans nos cœurs et dans nos têtes.


À ranger, dans quelques années, pas loin des œuvres du genre de Ian Tyson, Tom Russell ou Michael Martin Murphy.

Sam Pierre


Je n'ai donc pas changé d'avis au sujet de cette œuvre de grande beauté. Mais comme une bonne nouvelle ne vient jamais seule, celle qui concerne la prochaine parution de "Blood And Candle Smoke", nouvel album de Tom Russell, ne peut que réjouir ceux qui aiment Gretchen.



Gretchen est présente ainsi que ses deux fidèles acolytes, Barry Walsh et David Henry. On note également la présence des membres de Calexico Joey Burns, John Convertino et Jacob Valenzuela.


Douze titres (dont une autre version de "Guadalupe"), tous de la plume de Tom, sont au menu:

1- East Of Woodstock, West Of Viet Nam

2- Santa Ana Wind

3- Nina Simone

4- Criminology

5- Crosses Of San Carlos

6- Finding You

7- Mississippi River Runnin' Backwards

8- The Most Dangerous Woman In America

9- Don't Look Down

10- Guadalupe

11- American Rivers

12- Darkness Visible


Vous pourrez lire une présentation de chacun des titres ("Series of Dreams") en rendant visite au blog de Tom Russell, "Notes from The Borderland" http://www.russelltom.blogspot.com/







dimanche 24 mai 2009

Elvis Costello goes bluegrass

"Secret, Profane & Sugarcane"


Voici un disque que je n'ai pas chroniqué pour Xroads. L'excellent Tony Grieco l'a fait, et bien fait (cf. Xroads #19 en vente dans tous les bons kiosques). Cet album sortira début juin des 2 côtés de l'Atlantique.
Elvis Costello alias Declan Patrick Aloysius MacManus, tout le monde le connaît depuis 1977, époque où, porté par la vague punk, il faisait une entrée fracassante dans le milieu de la musique rock. Personne n'a oublié des titres comme "Alison" ou "Watching The Detectives", ni l'album "My Aim Is True".
Depuis, Elvis 2 a démontré qu'il était d'une espèce à part, un touche à tout de génie qui réussit dans tout ce qu'il tente (avec, quand même, des hauts et des bas): rock, musique de chambre, country, jazz...
Pour son nouveau disque, il a choisi une approche "tout acoustique" (avec juste quelques notes de guitare électrique dues à T Bone Burnett, qui produit aussi l'album).
Plus étonnant, notre "Imposter" favori s'est entouré de la fine fleur du bluegrass. Jugez-en vous-même: Jerry Douglas (dobro), Stuart Duncan (violon et banjo), Mike Compton (mandoline), Jeff Taylor (accordéon) et Dennis Crouch (contrebasse). Et, au cas où cela ne suffirait pas, Jim Lauderdale (un des talents les plus immenses et les plus mésestimés de la country music) assure les harmonies. Dans le rôle de la cerise sur ce beau gâteau, on trouve Emmylou Harris pour une apparition vocale sur "The Crooked Line".
Le disque est composé de morceau d'origines différentes. Quatre d'entre eux, en particulier, ont été écrits pour un opéra inachevé sur la vie de Hans Christian Andersen ("How Deep Is the Red?", "She Was No Good", "She Handed Me a Mirror" et "Red Cotton". Deux ont été écrits pour Johnny Cash dont "Hidden Shame" qui figue sur l'album "Boom Chicka Boom". On touve aussi "Down Along The Wines And Spirits" écrit à l'origine pour Loretta Lynn (qui co-écrit ici "I Felt The Chill"). T Bone Burnett, le "Coward Bother" et l'un des partenaires favoris d'Elvis co-signe lui "Sulphur To Sugarcane" et "The Crooked Line". L'album se conclut sur un titre popularisé par Bing Crosby: "Changing Partners".
Je n'aurais peut-être mis que 4 étoiles à ce disque si je l'avais chroniqué. Elvis n'atteint pas, en termes d'écriture, les somments qu'il a pu côtoyer pour "Spike" ou "King of America". L'aspect un peu patchwork de l'album est également sensible à l'écoute. Et puis Elvis ne cherche pas à faire beau en matière vocale (mais c'est aussi pour cela qu'on l'aime), conservant ce côté teigneux qui est sa marque de fabrique. Mais un telle somme de talents ne peut pas produire un mauvais album, et cet album est excellent.
Comme le dit si bien Tony: à ranger au rayon "bonne surprise" ou même "surprise" tout court.

Pour plus d'informations et quelques sons, rendez-vous ici: http://www.elviscostello.com/

PS: pour ceux qui en douteraient, il s'agit bien d'un album d'Elvis Costello, pas d'un album de bluegrass de plus. Le style reste reconnaissable, les harmonies ne sont pas celles du bluegrass. Un titre comme "The Crooked Line" a une saveur cajun avec le crin-crin et l'accordéon mais, dans l'ensemble, tous ces titres pourraient se parer d'une autre instrumentation, plus électrique. Cela écrit, au bout de 3 écoutes, on a du mal à imaginer un autre casting que ce super-groupe de circonstance.

mercredi 6 mai 2009

The Survivor

Charlie Louvin est un survivant. Il aura 82 ans en juillet, plus de 60 ans de métier, depuis ses débuts avec son frère Ira, en 1946.


Les Louvin Brothers se sont produits ensemble jusqu'à leur rupture en 1963, avant qu'Ira ne trouve la mort dans un accdent de voiture le 20 juin 1965, à 41 ans. Ira était parti avec sa mandoline et sa merveilleuse voix de ténor. L'influence des deux frères et de leurs harmonies vocales sur les générations suivantes est toujours réelle.


Charlie est resté seul et poursuit depuis une carière solo, démontrant même un regain d'activité ces dernières années.


Il a ainsi publié en 2008 deux albums qui ont été chroniqués dans Xroads: "Steps To Heaven" (#13) et "Charlie Louvin Sings Murder Ballads And Disaster songs" (#15).


Voici ces deux chroniques:







CHARLIE LOUVIN ***
Steps To Heaven
Tompkins Square

En attendant…

Charles Elzer Loudermilk (cousin de John D. Loudermilk, auteur de l'immortel "Tobacco Road"), plus connu sous le nom de Charlie Louvin, est né le 27 juillet 1927. Ses débuts dsiscographiques, aux côtés de son frère Ira datent de 1946. L'influence des Louvin Brothers sur les générations suivantes (à commencer par Gram & Emmylou) n'est plus à démontrer. Et pourtant, Charlie ne décroche pas. Un an après Charlie Louvin enregistré en compagnie d'une bande de (plus ou moins) jeunes (Jeff Tweedy, Elvis Costello, Will Oldham…), il revient avec ce Steps To Heaven qui en est l'exact opposé. Peu de monde autour de lui, sous la férule du producteur Mark Nevers: le piano de Derrick Lee, la basse et la guitare de Chris Scruggs (fils de Gail Davies et Gary Scruggs et petit-fils d'Earl Scruggs) et les voix gospel des (trois) sœurs McCrary. C'est un disque austère, sans fioriture, mais loin d'être triste. À leurs débuts, les Louvins ont mis plusieurs années avant d'avoir le droit d'enregistrer autre chose que du gospel mais, aujourd'hui, Charlie y revient de son plein gré avec 8 titres traditionnels et 2 reprises du duo fraternel: "There's A Higher Power" et "Just Rehearsing". La voix de notre homme est l'élément central du disque, tantôt lasse, tantôt forte et pleine de confiance, elle véhicule essentiellement un message d'espoir (celui de reformer, là-haut, l'impossible duo?), d'acceptation et non de peur de la mort, évitant le piège du prêchi-prêcha trop souvent inhérent à ce type d'enregistrement. Tout n'est pas parfait, certes, le chœur gospel est parfois un peu envahissant mais des titres comme "How Beautiful Heaven Must Be" ou "If We Never Meet Again This Side of Heaven" donnent le frisson. En attendant…




À ranger tout près coffret Close Harmony, intégrale des Louvin Brothers publiée chez Bear Family Records, en attendant Charlie Louvin Sings Murder Ballads & Disaster Songs prévu pour le 9 décembre prochain. Car Charlie nest pas pressé de les franchir, ces Steps To Heaven!



Sam Pierre








CHARLIE LOUVIN ***
Sings Murder Ballads And Disaster Songs
Tompkins Square


L'heure du crime




Charlie Louvin nous avait laissés il y a peu (cf. Xroads #13) avec son Steps To Heaven. Comme promis, il est de retour avec ses Murder Ballads And Disaster Songs. Là encore, il puise largement dans le répertoire traditionnel avec les plus que rabâchés "Darling Corey", "Wreck Of The Old 97" ou "Mary Of The Wild Moor". Il y a aussi "Dark As A Dungeon" de Merle Travis, "Wreck On The Highway" de Dorsey Dixon, "Is This My Destiny" d'Helen Carter ou "My Texas Girl" de la Carter Family. Bref, rien d'original, mais si la tonalité générale de Steps To Heaven était largement teintée d'optimisme, on est ici à l'opposé, thématique oblige. Sur le plan vocal, les chœurs des sœurs McCrary laissent place à quelques harmonies essentiellement mâles. Orchestralement, le contraste est également net avec l'apparition des fiddles de Andrew Bird et Billy Contreras et, ça et là, d'une steel guitar (Chris Scruggs) ou d'un pipe organ (Matt Allen) qui viennent jouer un contre-chant du meilleur effet. Dans l'esprit et dans le dépouillement, on n'est pas loin de Will The Circle Be Unbroken du Nitty Gritty Dirt Band. La voix de Charlie Louvin est parfaitement à l'aise dans ce répertoire – il est vrai qu'il a connu son lot de tragédies – notamment quand elle s'élève seule (et là, on doit saluer la production impeccable de Mark Nevers) mettant particulièrement bien en relief le côté sombre du répertoire. Rien d'original, disais-je plus haut? Au fil des écoutes, cette impression de déjà entendu laisse cependant place à autre chose, on entend les confidences d'un vieil ami dont la voix chaude nous fait penser à celle de nos aïeux quand, enfants, nous étions suspendus à leurs lèvres fatiguées qui savaient si bien nous conter des histoires d'un autre temps. Des titres comme "Down With The Old Canoe" et "The Little Grave In Georgia" en sont la meilleure illustration, et trop vite on arriveà la fin de l'album, qui nous laisse le sentiment d'une douce mélancolie. See you soon, Charlie...




À ranger à côté de Steps To Heaven!




Sam Pierre


Et si vous pouvez, procurez vous l'intégrale des Louvin Brothers (coffret 8 CD): Close Harmony. Plaisir garanti!










mardi 3 février 2009

Chuck Brodsky - Two Sets

À ceux qui ont la nostalgie du Dylan des années 60, je recommande Chuck Brodsky. Il a une voix, un talent de raconteur d'histoires et une qualité de jeu de guitare acoustique qui le placent parmi les meilleurs héritiers de Woody et Bob, aux côtés de John Prine ou Sammy Walker.

C'est aussi un passionné de baseball, mais dans ce domaine, en bon Français qui se respecte, je ne le suivrai pas.
Pour en savoir plus sur Mr. Chuck, 2 adresses: http://www.chuckbrodsky.com/ et http://www.myspace.com/chuckbrodsky


Cette chronique a été publiée dans Xroads #13

CHUCK BRODSKY ****
Two Sets
Waterbug
Le peintre des mots

Chuck Brodsky est né en 1960 à Philadelphia, ce qui l'a empêché de concourir pour le titre de "nouveau Dylan", challenge très en vogue vers 1970. Ce détail chronologique mis à part, il aurait été le mieux placé, aux côtés de John Prine et Sammy Walker pour l'emporter. Il a tout: la voix, les textes, un jeu de guitare très musical, auxquels il ajoute une passion pour le baseball (qui le poussa même à publier The Baseball Ballads en 2002). Il n'a longtemps été qu'un nom pour moi, quelqu'un que je me promettais d'écouter jusquà ce que je me rende sur son MySpace et que je télécharge (c'est payant) sa première œuvre enregistrée: Live From Spam City, à l'origine une cassette auto-produite datant de 1991. Depuis, 7 albums studio sont parus, tous de grande qualité, avant ce Two Sets sur Waterbug, label de l'ami Andrew Calhoun. En 25 chansons de sa plume, seul avec sa guitare, sur 131 minutes, Chuck revisite son répertoire (2 titres nouveaux seulement) et nous démontre l'étendue de son talent d'entertainer à l'humour acéré (cf. la dizaine de passages parlés ici présents ou "Armitage Shanks", l'un des titres inédits). Bien sûr, cela semble un peu long pour un néophite, bien sûr il est préférable de comprendre l'Anglais pour apprécier vraiment l'ensemble, il n'empêche que l'on a affaire à l'un des secrets les mieux gardés de la scène folk américaine, l'un des songwriters qui sortent du lot, l'un de ceux que je rêve de voir à la Pomme d'Ève (ah bon, c'est fini les concerts?) dont la dimension est parfaitement adaptée. Les thèmes qui lui tiennent à cœur sont tous présents: la destruction des cultures par la mondialisation ("Trees Falling"), le baseball ("Dock Ellis' No No"), la politique ("He Came To Our Town"), les droits civiques ("Dangerous Times") et quelques portraits pleins d'humanité dignes du peintre des mots qu'est Chuck. Mais c'est un tableau plein d'humour que je citerai pour terminer: "On Christmas I Got Nothing", petit chef d'œuvre d'humour juif ("But on Christmas I got nothing, 'cause we were Jews").

À ranger entre Live de John Prine et In Concert de Sammy Walker, pas loin de Radio de Chuck Brodsky, sans doute le meilleur disque pour aborder l'artiste.

Sam Pierre

lundi 26 janvier 2009

Pour le coeur et pour la tête

Bientôt entre vos oreilles, le nouveau disque de Gretchen Peters (www.myspace.com/gretchenpeters) s'annonce des plus passionnants. Pensez donc, il s'agit d'un album de Gretchen Peters with Tom Russell: "One To The Heart, One To The Head". Tom Russell lui-même le dit: "je ne suis que l'invité sur le disque de Gretchen".




Je ne connais pas encore ce disque qui va paraître dans les prochains jours mais, lorsque deux des plus grands songwriters (et singers) s'unissent (surtout quand rien ne les y oblige), on ne peut qu'être optimiste quant au résultat... Gretchen le dit: "Tom and me are both very excited about this project". Et moi, j'attends avec ilmpatience.

L'album est une forme d'hommage à l'Ouest Américain mais ce n'est pas pour autant un album de Western ou de Cowboys. Il y a des reprises: Bob Dylan ("Billy 4"), Townes Van Zandt ("Snowin On Raton"), Ian Tyson ("Blue Mountains Of Mexico")... Une seule composition personnelle ("Guadalupe" de Tom chanté par Gretchen)... À suivre dans un prochain numéro (#17?) de Xroads.

En attendant, je vous invite à vous immerger dans la (belle et passionnante) discographie de Gretchen Peters, malheureusement trop peu connue par ici. Elle avait déjà chanté sur 2 des derniers albums de Tom Russell. Je vous l'avais également sommairement présentée dans le spécial Xroads "Génération folkeuses".

THE SECRET OF LIFE (1996)


GRETCHEN PETERS (2000)


HALCYON (2004)


TRIO - Live 2004 (2005)


BURNT TOAST & OFFERINGS (2007)


NORTHERN LIGHTS (2008)





Enjoy !!!

mercredi 14 janvier 2009

Loudon Wainwright III: Recovery

Loudon Wainwright III fait partie de mon univers depuis 1972, année de la parution de son troisième album, sobrement intitulé "Album III". Je me rappelle l'avoir acheté, à Nancy, en même temps que le nouveau disque de Georges Brassens, que j'allais voir le surlendemain à Bobino. LWIII faisait partie de la cohorte des "nouveaux Dylan" (au même titre que John Prine, par exemple). C'était en effet l'époque ou Bob s'était égaré dans la country music ou la grande variété, décevant ceux qui voyaient en lui un nouveau prophète et éprouvaient le besoin de lui trouver un héritier. Loudon en fera d'ailleurs plus tard une chanson "Talking New Bob Dylan". Loudon n'était pas un prophète, il avait plus une approche journalistique du monde qui l'entourait, écrivant des chansons qui étaient autant de billets trempés dans le vitriol d'un humour plein d'auto-dérision.
Cette chronique m'a permis de pousser un cri car j'avais envie de rendre justice à Loudon dont la popularité n'a jamais été aussi forte que celle de ses enfants Rufus (surtout) et Martha (il y a aussi maintenant leur demi-soeur Lucy). Mais quel que soit le talent des enfants, je considère celui du père comme infiniment supérieur ainsi que le démontrent les 24 ou 25 albums parus à ce jour. On est bien entendu pas tenu d'être d'accord avec cette opinion.
Ce "Recovery" reprend des titres extraits des 4 premiers albums de Mr. Wainwright. C'est un excellent album, bénéficiant de la production top niveau de Joe Henry. Je préfère pourtant les originaux, conscient cependant qu'il est plus facile d'entrer dans l'univers particulier de l'artiste en commençant par la fin.
Pour l'anecdote, un titre de de LWIII ("The Swimming Song") a été adapté en Français par Jean-Michel Caradec sous le titre de "Dans ma peau". C'est l'occasion pour mois de saluer ce troubadour de talent, trop tôt disparu.
Je signalerai, pour terminer, que la réédition des 2 premiers albums de Loudon ("Loudon Wainwright III" et "Album II") a été chroniquée dans Crossroads #44 sous la plume de Hugues Orsetti.


Cette chronique est parue dans Xroads #12

LOUDON WAINWRIGHT III ***
Recovery
(Yep Roc Records)
Assez!

J'en ai assez! Vraiment! Assez que l'on ne parle de Loudon qu'incidemment en évoquant Martha ou Rufus! Assez que l'on s'extasie devant Jeff en oubliant Tim (accessoirement que l'on oublie que Leonard a écrit et chanté "Hallelujah"). Assez que l'on oublie ce que l'on doit à cette génération éclose à la fin des années 60. Loudon Wainwright, le troisième, doit en avoir assez aussi pusiqu'il ressort 13 titres issus de ses quatre premiers albums pour leur faire un lifting, chez Yep Roc Records. Besoin d'argent, question de droits à récupérer, d'un nouveau marché à conquérir? Peu importe, le résultat est là. Comme toujours, Joe Henry (qui avait déjà produit Strange Weirdos) est aux manettes avec sa fine équipe: Greg Leisz, David Piltch, Patrick Warren, Jay Bellerose. Je me garderai bien d'émettre un avis trop tranché sur cet album. Je n'en avais pas besoin. J'ai toujours mes 33 tours d'époque, soigneusement repiqués sur CDR quand même (ils ont depuis été réédités en CD) et je n'ai pas besoin d'autre chose. Je n'avais pas absolument envie d'entendre "The Drinking Song", "School Days", "Be Careful There's A Baby In The House" ou "The Man Who Couldn't Cry" par un Loudon dont la voix a perdu la couleur papier-émeri qui lui allait si bien. Mais pour ceux qui ont eu la chance de naître 20 ou 30 ans après moi, ce disque est presque un must. Les textes n'ont rien perdu de leur humour ni les mélodies de leur acidité. Et puis il est là pour rappeler qu'il y avait une vie avant Martha et Rufus. D'ailleurs LWIII avait écrit, il y a longtemps. "Little Martha" et "Rufus Is A Tit Man", tous deux absents de Recovery.

À écouter, parce que c'est un bon disque et à comparer aux versions originales que l'on aura envie d'entendre, forcément. À classer ensuite, en connaissance de cause.

Sam Pierre

dimanche 11 janvier 2009

Friends from myspace: Josh Langston

Peu de temps après le début de ce blog, j'ai sacrifié à la mode (imitant par là-même, une nouvelle fois, mon maître JEL) et j'ai ouvert mon "myspace": http://www.myspace.com/sampierre23


Rien de révolutionnaire, pas (encore) de jukebox, simplement une liste d'amis, soigneusement choisis que vous pourrez découvrir, si vous le souhaitez, en cliquant sur le lien idoine.


Soigneusement choisis parce que je les ai sollicités et qu'ils ont répondu favorablement à mon invitation. Aucune chance de rencontrer chez moi quelqu'un qui ne soit pas en lien avec la musique que je m'efforce de défendre, tant bien que mal.


J'ai aussi été sollicité par un certain nombre de myspacers, mais je n'ai donné suite qu'à 3 demandes. David Bradley, un Anglais émigré à Nashville, au parcours atypique, dont je parlerai sans doute plus tard. Bethany Dick, une violoniste, mais aussi singer-songwriter, qui met de la dynamite dans son bluegrass (et vous offre en téléchargement gratuit son dernier EP que l'on peut obtenir en payant chez CD Baby).


Et puis, il y a Josh Langston que je ne connaissais ni d'Eve ni d'Adam avant qu'il ne me sollicite.


Joshua Langston m'a intéressé, à différents titres. D'abord parce qu'il fait partie de cette scène du Texas dont la richesse m'étonne un peu plus chaque jour. Ensuite parce qu'il fait partie des gens qui croient en ce qu'ils font et se battent pour exister: il donne des concerts chaque fois qu'il le peut, parce que la scène est vraiment sa raison de vivre; et il passe beaucoup de temps sur myspace, pour faire du marketing et présenter sa musique au plus grand nombre (http://www.myspace.com/joshlangston).


Josh a publié 2 albums dont la renommée n'a pas dépassé les frontières du Texas. Le premier est paru en janvier 2004 et s'intitule "Walkin' Away"




C'est un disque essentiellement acoustique qui comprend 12 compostions de Josh ainsi qu'un morceau caché signé Charlie Daniels.

L'ariste se révèle un auteur-compositeur de talent et un chanteur passionné, dans un registre pas très éloigné de celui d'un Steve Earle tendance "Angry Young Man", d'un Ryan Bingham ou d'un Robert Earl Keen, Jr.

Autour de lui, quelques musiciens de talent: Jeremy Watkins (harmonies et violon), John Peyton (Harmonica), Chad Maudlin (basse et guitare lead), Zeke Martinez (batterie) et surtout Milo Deering (steel guitare, Dobro, mandoline, violon) qui illumine l'album de ses interventions. Milo s'est également fait remarquer (par moi, n tout cas) en compagnie d'un autre Texan, Houston Marchman, sur l'album "Key To The Highway", paru en 2006 (cf. à cet égard la chronique de "Naked" par Jacques-Eric Legarde sur Xroads #9.

En mai 2005, parut "Ashes From Embers" par Josh Langston and the Joint Chiefs




Les Joint Chiefs, ce sont Mike Luna (lead guitare), Dave Boyd (basse) et Raymond Earwood (batterie). Le casting (la photo aussi) indique clairement un changement de style. On est cette fois plus proche de ZZ Top que de "Walkin' Away", même si l'accent est davantage mis sur le songwritingque sur la virtuosité du guitariste. 10 titres dont 7 compositions de Josh et une de Dave Boyd & Mike Luna, et un titre caché - et acoustique - "Oh My Sweet Carolina" de Ryan Adams. Il est certain que l'ensemble me plait moins que celui de l'album précédent. Néanmoins, c'est un disque qui s'écoute avec plaisir parce que la qualité des compositions est toujours là. Et l'on sent que Josh Langston, à la voix souvent rageuse, met son coeur et son âme dans chacune des ses interventions.

Ensuite? Josh Langston prépare un nouvel album, qui reviendra à une conception plus acoustique. Le début de l'enregistrement est prévu pour février mais le nerf de la guerre, l'argent, manque: "We are still about $10,000 (U.S.) short and any help we can get with that would be fantastic and much appreciated".

Si vous souhaitez, comme moi, faire partie de l'aventure, il vous suffit de vous rendre sur ici et de cliquer sur le bouton "Donate".